La franchise : une garantie pour l´expansion de l´économie

La franchise : une garantie pour l´expansion de l´économie

Entrevue avec Monsieur Tarek Yazidi: Expert de la franchise au Canada, conseiller de plusieurs franchiseurs internationaux, et cofondateur du réseau Occasion Franchise au Québec

La franchise : une garantie pour l´expansion de l´économie

Tarek Yazidi, expert de la franchise au Canada et conseiller de plusieurs franchiseurs internationaux, est cofondateur du réseau Occasion Franchise : le réseau numéro un spécialisé dans la vente de franchises et des opportunités d’affaires au Québec. Il a aussi essayé de développer le domaine de la franchise en Tunisie à travers sa contribution à la mise au point de projets de loi sur la franchise et à travers le site Tunisie franchise.com.

Interview.

 Le manager : Quelles sont les créneaux gagnants en Tunisie? Y a-t-il eu des expériences ratées en franchise en Tunisie?

Tarek YAZIDI :

Il est très tôt pour déterminer les créneaux gagnants en Tunisie car le marché de la franchise est encore dans une phase embryonnaire et aucune étude sérieuse dans ce domaine n’a encore été réalisée. En comparaison de marchés semblables que sont le marché marocain et égyptien et qui ont une avance considérable sur la Tunisie dans ce domaine, nous pouvons projeter que les créneaux seront l’habillement, le commerce de détail pour les franchises étrangères et les cafés et restauration pour les franchises locales.

C’est certain dans un marché en démarrage il y a une grande méconnaissance du modèle d’affaire qu’est la franchise et les erreurs et les expériences ratées existent. Mais ceci représente des coûts d’apprentissage pour se roder dans ce domaine. Je ne peux malheureusement pas citer de noms de concepts ou de franchises qui ont raté leur entrée dans le marché tunisien mais ils existent comme il existe plusieurs «Success stories» en franchise en Tunisie.

Le manager : Quelles sont les contraintes légales en Tunisie pour la franchise?

T.Y : La contrainte légale la plus connue dans le domaine de la franchise en Tunisie c’est par rapport aux secteurs qui sont sous autorisation comme le secteur des cafés et de la restauration. Mais je pense que c’est un faux problème car aucune demande d’autorisation n’a été refusée par le ministère du Commerce depuis la promulgation du décret sur la franchise en juillet 2009.

La vraie contrainte à mon avis c’est la simplicité du document d’information précontractuel mieux connu sous l’abréviation DIP. Ce dernier ne permet pas au futur franchisé de comprendre de façon très claire la situation actuelle du franchiseur étranger et de sa solidité. Il existe également un deuxième problème vécu par plusieurs franchisés en Tunisie même s’ils ont fait le choix d’une franchise internationale, c’est le support et la force du réseau sur le territoire national.

Dans la plupart des cas, le franchisé tunisien se trouve abandonné par le franchiseur étranger et ne bénéficie d’aucun support. Dans les pays où la franchise est très développée, le manquement du franchiseur à ses obligations envers le franchisé est lourdement pénalisé. Malheureusement le texte de loi en Tunisie ne prévoit pas de sanctions de ce genre.

Le manager : Quels bénéfices de la franchise au niveau macroéconomique ?

T.Y : La franchise c’est le moyen le plus sécurisé pour notre pays. L’implantation d’une entreprise étrangère en Tunisie sous la forme d’une offshore est une sorte de menace car ce régime lui permet de transférer annuellement ses bénéfices gagnés en Tunisie en toute légitimité en dehors du pays d’autant plus qu’elle n’est pas tenue de déclarer ses recettes, ni son savoir-faire ni sa façon de faire. Mais le risque le plus menaçant, c’est qu’elle engendre le chômage au cas où elle déciderait de s’implanter ailleurs.

Une enseigne étrangère qui s’implante en Tunisie via le concept de la franchise assure au pays des emplois stables et durables. Elle a l’obligation aussi de transférer son savoir-faire et ses recettes à une entreprise tunisienne (le franchisé) et tous les bénéfices restent au pays.

Pour le secteur du commerce de détail, le fonctionnement en réseau de franchise assure une meilleure solidité financière et une pérennité aux magasins franchisés par apport aux magasins indépendants. En effet, prenant l’exemple du Canada, 90 % des entreprises indépendantes font faillite au bout de 5 ans contre 7 % seulement pour les entreprises franchisées. Un réseau de franchises permet d’améliorer les services, d’innover, de baisser les charges tout en augmentant la qualité des produits, il fait profiter le partage de l’expérience et sa force de branding.

Tout cela profite au franchisé et surtout au consommateur qui lui assure un prix bas, une meilleure qualité et le protège contre la contrefaçon.

Le Manager : Y a-t-il un effort des pouvoirs publics pour encadrer des enseignes tunisiennes candidates à la franchise et qui veulent s’exporter ?

T.Y : Oui le CEPEX joue un rôle important de soutien pour les enseignes tunisiennes qui désirent se développer à l’étranger. Mais il faut que ces enseignes soient très compétitives pour pouvoir affronter les réseaux à l’étranger pas seulement vendre des franchises, car plusieurs poursuites et pénalités sont prévues en cas de manque de support du franchiseur À l’égard de ses franchisés dans les pays occidentaux. Malheureusement, nous attendons une première initiative du gouvernement tunisien dans ce domaine à part le fait de promulguer des décrets sur la franchise une fois tous les cinq ans.

Le gouvernement est très passif pour l’instant. En espérant qu’à l’instar du Maroc et de l’Égypte, il va inciter au développement de la franchise en Tunisie et encourager sa promotion plutôt que de laisser ce rôle à des initiatives personnelles.

Entrevue publiée au numéro de Décembre du magazine Le Manager